Les Quinze n'ont cependant pas encore abordé le point le plus épineux du projet controversé mis sur la table en janvier par le commissaire européen chargé du dossier, Franz Fischler: le découplage entre le montant des aides directes versées aux exploitants et le niveau de leur production. Le découplage a été rejeté jusqu'ici par la France, principale bénéficiaire de la Pac actuelle, les pays du sud de l'UE et l'Irlande. "Cette question sera discutée au prochain conseil en avril", a indiqué lundi soir devant la presse le ministre grec de l'Agriculture Georgios Drys, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne. "Pour l'instant, nous ne pouvons pas parler d'accord", a-t-il ajouté en référence aux "progrès" enregistrés lundi. Il a souligné que les ministres n'entendaient en effet se prononcer sur la réforme qu'après examen du "paquet global" des propositions de M. Fischler. Les Quinze ont procédé lundi à un tour de table sur les projets de la Commission concernant l'avenir du secteur du lait, du riz, des céréales et sur le volet développement rural de la réforme de la PAC. Les progrès évoqués par la présidence grecque portent notamment sur ce dernier point. M. Fischler s'est dit prêt à amender sa proposition de système d'audit agricole pour chaque exploitation, sur la base d'une mise en oeuvre par étapes. Ce système ne deviendrait alors obligatoire qu'en 2007. Les ministres se sont également prononcés globalement pour une réforme du secteur du riz, mais de fortes divergences subsistent sur ses modalités, notamment concernant les compensations à prévoir à la réduction de 50% à 150 euros par tonne du prix d'intervention sur le marché, proposée par Bruxelles. La Commission suggère de compenser la baisse drastique de ce prix, à partir duquel l'UE rachète les excédents de production pour soutenir le marché, en augmentant de 52 à 177 euros par tonne les aides directes aux exploitants. Selon une source européenne, l'Espagne réclame 200 euros. A l'inverse, d'autres pays comme l'Allemagne juge les compensations trop élevées. Les Quinze restent par ailleurs très majoritairement opposés au projet de M. Fischler de réduire de 5% les prix d'intervention pour les céréales (hors seigle). Une dizaine de pays, France en tête, sont clairement contre cette idée, que seuls le Danemark, la Suède et le Royaume-Uni soutiennent clairement. La situation est plus contrastée sur le front de la production laitière, mais là encore, les négociations s'annoncent encore âpres d'ici au mois de juin, au cours duquel la Commission espère aboutir à un accord sur la réforme. M. Fischler a de nouveau souligné lundi soir que son projet de réforme de la Pac apporterait selon lui "de meilleures cartes" à l'UE pour les négociations sur la libéralisation des échanges agricoles à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). |